Il n'avait que 53 ans quand il nous a tiré sa révérence.
Tout le monde (y compris les générations les
plus jeunes) connaît sa prodigieuse carrière
de comédien... beaucoup moins son répertoire
de chanteur. Pourtant, André Raimbourg – dit
Bourvil, du nom du village natal de sa mère –
a écrit, enregistré et interprété,
surtout, un grand nombre de chansons dont certaines font
désormais partie de notre patrimoine : Les crayons,
La ballade irlandaise, C'était bien (Au petit bal
perdu), Ma p'tite chanson, La tendresse,... Des chansons
qui, d'ailleurs, se démarquent souvent du registre
purement comique dans lequel le cinéma l'a surtout
cantonné. La première intégrale de
ses chansons et monologues, qui sort ces jours-ci, vient
enfin nous le rappeler, près de trente ans après
sa disparition... et trois mois après celle de son
camarade Georges Guétary.
Bourvil ? C’est l’artiste gigogne ! A l’image
de ces poupées russes, imbriquées les unes
à l’intérieur des autres, l’attention
du passant est attirée par les traits colorés
et arrondis d’une apparence bonhomme. Mais que l’on
prenne la peine d’aller voir en dessous et on découvrira
les expressions multiples du même personnage aux traits
de plus en plus fins et complexes.
Né au cours d’une guerre absurde (le 27 juillet
1917), qui lui prend le père à jamais inconnu
pour lui, André Raimbourg grandit en Normandie dans
le petit village de Bourville entre sa mère et son
beau-père, ses frères et sœurs. Une Famille
modeste s’efforçant de maintenir harmonie et
dignité, c’est l’image à laquelle
le petit André - meilleur élève de
la communale - demeurera à jamais fidèle.
Les valeurs familiales ne se moulent pas alors dans le
conformisme par idéologie. La famille reste la cellule
de base de la solidarité dans la difficulté.
Le bonheur est si fugace qu’on se doit de respecter
ses manifestations les plus discrètes et de ne pas
l’effaroucher, surtout.