Né à Annecy
le 17 février 1946, André Dussollier monte pour
la première fois de sa vie sur les planches quand il
a 10 ans, au cours d'une représentation théâtrale
scolaire de "L'enfant de la rivière".
Après son bac, il suit l'idée de ses parents
et part pour Grenoble où il obtient deux licences
de lettres modernes et une maîtrise. Mais il n'a pas
complètement abandonné sa passion première
pour la comédie, et monte, sur le campus, "Mort
sans sépulture" de Sartre.
Il débarque à Paris à l'âge
de 23 ans, où il suit les cours d'Art Dramatique
de Périmony, qui le préparent à entrer
au Conservatoire. Il y est admis, et en ressortira avec
un premier prix. Les portes de la Comédie-Française
lui sont alors grandes ouvertes, et il en devient pensionnaire
à partir de 1972.
Un peu auparavant, Truffaut l'avait remarqué au
théâtre, dans "Léonce et Lena"
de Büchner, aux côtés de Jacques Spiesser,
et lui avait permis de tenir son premier vrai rôle
au cinéma dans Une belle fille comme moi (la belle
fille en question étant Bernadette Lafont).
Dussollier alterne alors théâtre et cinéma,
décrochant son premier grand rôle dans Le couple
témoin, du photographe William Klein, aux côtés
d'Anémone. Il quittera les rangs de la Comédie-Française
à la faveur d'une grève qui en suspend les
activités, d'autant qu'il est de plus en plus demandé
au cinéma et à la télévision,
où l'on s'arrache son physique de jeune premier romantique.
On le voit aux côtés de Marthe Keller et de
Charles Denner dans Toute une vie de Lelouch, et, entre
1973 et 1979, il aborde des registres fort différents,
de l'onirisme élégant de Claude Chabrol dans
Alice ou la dernière fugue, l'érotisme de
(bon) mauvais goût estampillé Joël Séria
(Marie-Poupée) ou la raideur de vitrail de Perceval
le Gallois d'Eric Rohmer...
C'est au début des années 80 qu'André
Dussollier trouve la pleine mesure de son talent grâce
à Alain Resnais, qui en fait, aux côtés
de Pierre Arditi et de Sabine Azéma, un de ses acteurs
fétiches. On le verra ainsi dans La vie est un roman,
L'amour à mort et Mélo, où le réalisateur
français joue du charme acidulé et littéraire
du comédien blond vénitien.
De jeune premier, l'acteur devient une valeur sûre
du cinéma français, parfois estampillé
"acteur intello". C'est alors qu'il a le flair
d'accepter un rôle dans une comédie réalisée
par Coline Serreau, Trois hommes et un couffin, où,
aux côtés de Michel Boujenah et de Roland Giraud,
il doit s'occuper d'un bébé abandonné
par sa maman. Le triomphe est sans appel : près de
trois millions d'entrées sur Paris ! Sans vraiment
endosser le registre comique, André Dussollier n'en
devient pas moins une véritable star polyvalente
du cinéma français, enchaînant les tournages
à une cadence assez rapide, imposant progressivement
un personnage chaleureux, viril mais pas macho, dont la
rousseur et la peau blanche amènent un certain contrepoint
sensuel. Dans Les marmottes, son personnage de quarantenaire
intellectuel bourré de charme et de charisme fonctionne
ainsi parfaitement.
Les années 90 le voient partager son temps entre
théâtre, télévision et cinéma,
mais la fin des années 90 lui amènent un nouveau
souffle sur grand écran.