Evolution

 

L'ère des dialoguistes

 

Très tôt avec le parlant, une nouvelle génération de dialoguistes (scénaristes à l'occasion) va fortement marquer de sa « gouaille » les années à venir. Ils sont souvent associés à un réalisateur et contribuent à créer, avec les décorateurs et les éclairagistes, l'atmosphère particulière des films français. C'est le célèbre tandem Jacques Prévert et Marcel Carné (de Jenny , 1936 aux Portes de la nuit, 1946, en passant par Drôle de drame, 1937, Quai des brumes, 1938, Le Jour se lève, 1939, Les Visiteurs de soir, 1942, Les Enfants du Paradis, deux époques 1943-44). Le premier, poétique et lyrique, écrit également pour son frère Pierre (L'Affaire est dans le sac, 1932, Adieu Léonard, 1943), pour Renoir (Le Crime de monsieur Lange, 1935), Grémillon (Remorques, 1939), Christian-Jaque (Ernest le Rebelle, 1938), Delannoy, Cayatte, Allégret, Autant-Lara. Il allie une inspiration largement populaire et une écriture poétique très personnelle dans des dialogues plein d'idées, d'images, de maximes cocasses, d'observations pénétrantes, de pirouettes et de jugements profonds.

 

Charles Spaak collabore, lui, à maintes reprises avec Julien Duvivier (La Bandera, 1935, La Belle Equipe et L'Homme du jour, 1936, La Fin du jour, 1939, Untel père et fils, 1940, Panique, 1946, Black Jack, 1950, La Chambre ardente, 1962) mais aussi avec Feyder et Grémillon. Caustique, accrocheur, Henri Jeanson fait résonner ses dialogues de calembours, de mots d'auteurs dans la meilleure tradition boulevardière. On lui doit Hôtel du Nord (Carné, 1938), Entrée des artistes (Allégret, 1939), Pépé le Moko (Duvivier, 1937), avant qu'il ne s'attache un peu plus, à partir de 1940, à Christian-Jaque (Carmen, 1942, Boule-de-Suif, 1945, Un Revenant, 1946, Souvenirs perdus, 1949, Fanfan la Tulipe et Barbe-Bleue, 1951, Nana, 1954, Madame Sans-Gêne, 1961, La Tulipe noire, 1963). Leurs mots courent dans les années trente-quarante, épinglant les moeurs d'un milieu social.