Le 15 Septembre 1894, le peintre Pierre-Auguste Renoir
écrit à son amie Berthe Morisot:
"J'ai à vous annoncer une chose complètement
ridicule: l'arrivée d'un second fils qui s'appelle
Jean. Mère et enfant se portent à merveille."
La naissance se déroule sans problème, au
13 de la rue Girardon, à Montmartre. Un peu après
minuit, Aline Renoir donne naissance à un gros garçon
dont tout le monde s'accorde à reconnaitre qu'il
est fort laid.
La découverte d'une vocation
Son fils unique, Alain, naît le 23 octobre 1921. Sa
femme, Andrée Heuschling, s'ennuie ferme. Elle aime
la danse et la comédie. C'est pour elle que Renoir
envisage d'abandonner la céramique et de tâter
du cinéma. La vision répétée
(plus de dix fois) de Folies de femmes d'Eric von Stroheim
n'est pas étrangère à cette décision
de franchir le pas, d'autant plus que le cinéma,
par sa forme artisanale, ne lui apparait pas comme une profession
spécifiquement « artistique ».
De mars à mai 1924, il entreprend comme « assistant-scénariste-coréalisateur
et producteur » le tournage de Catherine, d'Albert
Dieudonné, aux studios Gaumont tout d'abord, puis
à Cagnes et à Saint-Paul-de-Vence. Il a vingt-huit
ans et il ne sait pas encore qu'il vient de découvrir
sa vocation.
Le tournage de Catherine lui procure l'occasion de rencontrer
Pierre Braunberger, qui deviendra par la suite responsable
de la distribution des Films Jean Renoir. A la fin du tournage,
des difficultés surgissent avec Dieudonné.
La première version du film ne connaîtra aucune
exploitation et il faudra une décision de justice
pour trancher qui, de Renoir ou de Dieudonné, est
le réalisateur du film.
Ces difficultés n'empêchent pas Renoir et
son complice Pierre Lestringuez d'entreprendre de nouveaux
scénarios. Et c'est tout naturellement que La Fille
de l'eau sera mise en chantier quelques mois plus tard,
avec le même plaisir d'invention, de découverte
et avec cette liberté que confère le non-professionnalisme
de la plupart des participants.