Evolution

 

Voix et sons du muet

 

Bruits de coulisses et « synchronisation vivante »

Pour gagner en vraisemblance, on a recours à tout un matériel de bruitage, du plus improvisé au plus perfectionné. Sur ce point, Ernest Coustet 3 nous rappelle que « certains théâtres sont très richement pourvus d'accessoires bruyants. Mais cet attirail encombrant, sinon coûteux, n'est pas à la portée de la plupart des exploitants de cinéma. Ceux-ci doivent généralement se contenter d'une petite table supportant une tôle rouillée, un timbre de sonnerie, une trompe d'auto, un sifflet, un pistolet et aussi un panier plein de tessons. » Un article de Ciné-journal du 17 mai 1909, présente le cinémultiphone Rousselot, « ce meuble électrique à clavier capable de produire soixante bruits fondateurs destinés à accompagner les films ». On suppose que des appareils de ce type ont eu pendant plusieurs années une vie commerciale puisque Coustet fait, lui aussi, allusion, en 1921, aux « "orgues à bruits", meubles où se trouvaient réunis divers instruments dont le fonctionnement n'exigeait qu'une seule personne ». Le Gaumont-Palace à Paris disposait encore, dans les années soixante-dix, d'un de ces orgues plus guère utilisé.

Mais l'effet de réel n'atteint-il pas son paroxysme avec la possibilité d'entendre les acteurs que l'on voit parler ? Pendant les premières années du siècle, des maisons spécialisées dans la « synchronisation vivante » fleurissent, qui permettent d'assurer, avec plus ou moins de bonheur, des dialogues synchrones dits par des acteurs cachés derrière l'écran.

Sauf quelques cas de rencontres avec l'image, pour la musique en l'occurrence, ces interventions sonores sont seulement de l'ordre du commentaire et de la simple tentative de restitution d'un son, d'une voix. Il faudra attendre les réalisations de René Clair, Jean Renoir, Sacha Guitry ou Jean Cocteau dans les années trente pour trouver des recherches d'effets avec les bruits et la voix.

 

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