Historique

 

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1970 : expériences militantes et symptômes de crise


Où l'on voit les premiers signes importants d'une crise qui couve depuis le début des années 60 et dont le cinéma français n'est pas encore sorti. Avec le développement de la télévision, l'accroissement de son rôle de co-producteur dans le financement des films, les structures ancestrales du cinéma sont touchées de plein fouet. On assiste à une diminution sensible du nombre de salles de quartiers, à la disparition de nombreux exploitants indépendants et donc à une concentration du parc de salles. De même, les ciné-clubs, qui avaient fleuri dès la Libération, souffrent de désaffection. Parallèlement, le marché des vidéo-cassettes est en plein essor et va continuer à se développer dans la décennie suivante.
Les structures de production se modifient également. UGC est privatisée et rachetée par la fédération française des cinémas en 1971. Une troisième chaîne apparaît en 1972. FR3 lance, tout comme l'INA (Institut National de l'Audiovisuel), une production d'oeuvres originales qui permet l'éclosion de jeunes metteurs en scène. On assiste donc à un recentrage qui n'est encore qu'une esquisse de ce qu'on appellera, quinze ans plus tard, le paysage audiovisuel français (PAF). On croit encore alors à l'utopie d'une télévision telle que la rêvait Roberto Rossellini, outil de démocratie, venant soutenir le nouveau cinéma.

Les années 70 sont aussi les années politiques du cinéma, marquées par les mouvements féministes, militants, les coopératives de tournage la défense des autonomies, des séparatistes, des grandes luttes ouvrières de l'époque. Jean-Luc Godard rejoint "Dziga Vertov" (du nom d'un documentariste de la révolution russe) pour éloborer un cinéma politique nouveau. Il réalise "Vent d'est" avec Chris Marker, en 1969 et "Pravda", en 1970. Le féminisme trouve ses porte-parole auprès du grand public avec Agnès Varda et Yannick Bellon. Ce cinéma est en prise directe avec la réalité sociale.

Sur le plan technique, le son connaît d'importantes transformations avec l'utilisation du quartz (permettant le contrôle de la synchronisation de la caméra et du magnétophone), l'utilisation de micros émetteurs et l'application du son Dolby au cinéma (1975).

De nouveaux réalisateurs apparaissent dans la lignée de la Nouvelle Vague (Jean Eustache, Jacques Doillon, André Téchiné...) ou de façon plus indépendante voire réactive (Bertrand Tavernier, Claude Sautet, Michel Deville...), chantres d'une nouvelle "qualité française". Mais tous ont en commun une forte culture cinéphilique. Les années 80 s'annoncent déjà avec une dispersion esthétique qui confirme une marginalisation du cinéma comme son imprégnation par d'autres formes d'images venues de la télévision, du clip ou de la publicité. La création des Césars, en 1976, marque aussi le grand retour des "professionnels de la profession", comme dirait Godard, et la fin des utopies du cinéma français.