1990 : Sursaut d'une génération
Paradoxe des années 90, c'est par la télévision
(notamment Arte) que s'affirme une génération
de jeunes réalisateurs : Cédric Kahn, Patricia
Mazuy, Cédric Klapisch, Philippe Faucon peuvent réaliser
un premier ou un second long métrage. Le développement
de petites structures de production souvent éphémères
autour de jeunes auteurs comme Philippe Garel ou Arnaud Despleschin
et la multiplication des festivals, donnent, en ce début
de décennie, l'apparence d'un renouveau.
Pendant ce temps, les auteurs de la Nouvelle Vague continuent
leur chemin (Rohmer, Rivette, Godard). Les comédies,
influencées par le café-théâtre remplissent
les salles ("Les Visiteurs", de Jean-Marie Poiré,
1993) et de nombreux cinéastes reconnus continuent à
réaliser des films à succès : "Cyrano",
de Jean-Paul Rappeneau (1990), "L'Amant", de Jean-Jacques
Annaud (1992) ou "Germinal", de Claude Berri (1993).
A ce jour, beaucoup d'idées reçues
estiment que les films de la nouvelle génération
de cinéastes français font preuve de narcissisme.
Mais en analysant de plus près, on peut se rendre compte,
au contraire, qu'ils sont parfaitement ancrés dans la
réalité et dans leur temps.
Parmi ces nouveaux cinéastes, on peut
relever les noms de Desplechin, Kassovitz, Ferran, Klapisch,
Dridi, Denis, Audiard... Mais qu'on ne s'y trompe pas : ils
ne forment pas ce que l'on pourrait appeler la nouvelle "nouvelle
vague". On pourrait plutôt traduire cela par un "pôle
d'alliances multiples", "un ensemble de pratiques
singulières".
Ils forment ce que l'on nommera un groupe de
résistants. Cette résistance se traduit par un
refus de l'uniformisation du goût, de la mainmise de la
télévision, du poids des conventions, de la dictature
du marché... voire des lois discutables. Voilà
sans doute la raison qui les amènent à faire des
films différents. Et c'est cette différence qui
fait que les films français d'aujourd'hui sont profondément
riches, n'en déplaise à certains...